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Le groupe italien est désormais séparé en deux activités: automobile et poids lourds. La Bourse de Milan commence à donner un prix aux deux nouvelles actions.

Fiat tourne ce lundi une nouvelle page de son histoire. Le premier groupe industriel italien disparaît de facto en se scindant en deux entités. La firme de Turin introduit en effet lundi matin à la Bourse de Milan les poids lourds Iveco, le matériel agricole (et de BTP) de CNH, ainsi que sa division moteurs de bateaux de pêche. Ces entités, considérées comme les pépites du groupe, sont désormais regroupées sous la bannière de Fiat Industrial.

Cette cotation est un vrai saut dans l'inconnu. Que vaut le groupe italien sans CNH et Iveco ? Comment les marchés valoriseront-ils la nouvelle entité Fiat Industrial? Un début de réponse se fait jour à l'ouverture de la Bourse de Milan: le titre Fiat Industrial débute la séance ce lundi à 9,01 euros, tandis que la nouvelle société Fiat a ouvert à 6,94 euros. Pour sa dernière séance, jeudi dernier, l'ancien titre Fiat avait terminé sur une hausse de 2,94% à 15,43 euros.

19 milliards d'euros de chiffre d'affaires estimé pour 2010

Il est acquis que Sergio Marchionne, directeur général de Fiat, conservera la présidence de Fiat Industrial, et que les directeurs opérationnels resteront à leur poste. Les porteurs de parts ont reçu une action Fiat Industrial pour un titre Fiat. La famille Agnelli, disposant de 30% du capital, sera garante de la stabilité en restant l'actionnaire de référence de Fiat Industrial.

Il est vrai que le groupe coté lundi a fière allure avec 61.000 employés (dans 69 sites) et un chiffre d'affaires 2010 estimé à 19 milliards d'euros. En pleine croissance, il devrait atteindre 29 milliards en 2014. Dans le même temps le bénéfice courant devrait passer de 600 millions à 3,3 milliards. Ces perspectives fort attrayantes alimentent depuis plusieurs mois les salles de marchés.

Daimler intéressé 

Les presses italienne et allemande ont depuis quelques semaines fait état des convoitises de Daimler. Le groupe allemand dirigé par Dieter Zetsche aurait proposé, selon La Repubblica, quelque 9 milliards d'euros pour reprendre Iveco et CNH, alors que le groupe italien en souhaiterait plus de 10 milliards. En septembre, Morgan Stanley n'évaluait ces marques qu'à 7 milliards.

Cette scission peut surprendre, mais pour Sergio Marchionne, il n'y avait plus de logique au maintien d'activités diversifiées au sein du groupe Fiat. À une semaine de l'ouverture du salon de Detroit, le groupe automobile Fiat lie encore un peu plus sa destinée à celle de Chrysler. Le constructeur italien devrait accroître progressivement la participation dans son capital du constructeur américain de 20% à 35%. Jugeant le redressement de la branche auto achevé depuis le partenariat avec Chrysler, l'homme fort de Fiat considère que la division auto n'a plus «besoin de béquilles».

Des interrogations au sujet du projet de fusion avec Chrysler

Désormais indépendantes, les deux divisions pourront mener des politiques plus adaptées, sans les contraintes du conglomérat. Les marques automobiles Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Ferrari et Maserati (les moteurs et les composants) bénéficieront d'une plus grande autonomie dans leurs relations avec Chrysler. Des interrogations subsistent toutefois. Les synergies industrielles entre Fiat et Chrysler sont a priori limitées. L'américain dépend beaucoup de ses tout-terrain et Fiat de ses petits modèles. Les complémentarités techniques et commerciales sur les deux continents restent à démontrer.

Déjà de nouvelles échéances approchent: Ferrari devrait être introduit en Bourse cette année. Chrysler, selon des analystes financiers, fusionnera avec Fiat bien avant 2014. Ces deux futures étapes démontrent qu'à Turin, l'histoire de l'industrie s'écrit à toute vitesse.



(le figaro)