Agriavis Forum,l'agriculture discutée par les agriculteurs!

Jean-Michel Schaeffer, président des Jeunes Agriculteurs (JA), a envoyé une lettre aux pouvoirs publics (ci-dessous), ministres, commissaire européen... pour plus de responsabilité des acteurs de la filière. Un beau discours syndical qui me donne envie de dire comme Georges Clooney: "What else?" ou "Mais encore". A la fin de cette lettre ouverte, je ne vois pas bien où il veut en venir et ce qu'il propose... Et vous, qu'en pensez-vous?




"Lettre ouverte aux pouvoirs publics et aux opérateurs des filières agricoles

Monsieur le Ministre de l’Alimentation, de l’agriculture et de la pêche
Monsieur le Commissaire Européen
Associations de consommateurs
Associations spécialisées de producteurs des filières végétales et animales
Coop de France (Coop de France métiers du grain, Coop de France nutrition animale, Coop de France bétail et viande)
SNIA (industrie de l’alimentation animale)
ANMF (meuniers)
Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française,
Interprofessions agricoles


« Hausse du prix du blé : on regarde, ou on agit ? »

A nous, céréaliers, éleveurs, avec nos coopératives, de trouver les conditions de mise en oeuvre du contrat gagnant-gagnant !
Les causes de la hausse récente des prix du blé sont multiples et mondiales. Nous en comprenons certaines, d’autres nous échappent, mais nous les subissons
d’autant plus que les pouvoirs publics ont progressivement renoncé à leur rôle de régulateur ces dernières décennies. Cette situation touche tout le monde, des
producteurs aux consommateurs. Nous savons qu’il n’y a pas de solution unique et que les voies de progrès résident dans la responsabilisation de tous les acteurs et
dans une combinaison d’outils.
S’il y a un élément que cette hausse fait ressortir une nouvelle fois de façon aigüe, c’est bien l’interdépendance entre céréaliers et éleveurs en France et en Europe. Les filières animales sont en effet un débouché crucial pour la production de céréales françaises. C’est un équilibre précieux qui est aujourd’hui mis à mal par une
fluctuation trop importante des cours.
L’importance des filières animales en tant que débouché pour la production de céréales françaises doit être soulignée sans relâche aux côtés de l’alimentation
humaine et des marchés d’export. Contrairement aux idées reçues, la flambée des prix du blé fragilise actuellement tous les agriculteurs. Le partenariat durable entre productions végétales et animales, gage de l’équilibre de nos territoires, est aujourd’hui en danger.
Cette situation réclame une réaction de court terme concertée (producteurs organisés, intermédiaires, distributeurs, Etat) en faveur des éleveurs qui traversent
une phase critique. Mais elle appelle aussi une prise de conscience des responsabilités de tous à long terme :
A nous, céréaliers, éleveurs, avec nos coopératives, de trouver les conditions de mise en oeuvre du contrat gagnant-gagnant que Jeunes Agriculteurs appelle
de ses voeux depuis deux ans.
Aux pouvoirs publics français et européens de trouver en parallèle les outils pour contenir cette fluctuation des prix, notamment en défendant des mécanismes de régulation européens et mondiaux pour les matières premières.

Et si pendant ce temps là, le prix de la baguette augmente,
- Soulignons que beaucoup de céréaliers avaient réalisé leurs ventes de blé avant la récolte à une époque où les signes de marché et les diverses « prévisions » incitaient à n’espérer aucune hausse, voire à redouter une baisse supplémentaire des prix. Ceux-là n’auront pas profité de la hausse actuelle.
- Rappelons au passage que certains continuent à vouloir profiter d’une hausse des cours du blé pour justifier une hausse du prix du pain dont on sait qu’elle
a d’autres explications. Sans oublier que les baisses du prix du blé, elles, ne sont jamais répercutées sur le prix de la baguette.
Capitalisons également sur nos filières de valorisation non-alimentaires, à commencer par les biocarburants, contribuent elles aussi à sécuriser nos débouchés
et réguler les prix, pour peu que nous soyons capables de bien les organiser et qu’elles soient durablement accompagnées.
Pour Jeunes Agriculteurs, la situation actuelle nous place tous face à nos responsabilités. Nous devons à la fois rectifier les mauvais discours et montrer
que nous sommes capables d’être de véritables acteurs de l’avenir de nos filières".

Jean-Michel SCHAEFFER